L’exposition collective « Ombres des ancêtres » propose une réflexion sur l’âme et sur sa vie après la mort. Elle met en dialogue, à travers les œuvres des artistes Sika da Silveira & Élise Tokoudagba, le monde visible et le monde invisible, les êtres humains et leurs ancêtres.

Les concepts « ombres » et « ancêtres » suscitent des questions établissant l’unicité de l’humanité, tous facteurs de différence confondus. Ils constituent une réalité métaphysique liée aux croyances spécifiques de chaque culture. Un dualisme évident entre la vie et la mort qui nourrit plusieurs métaphores : l’individu croit que l’âme continue une vie après la mort ; même s’il pressent la forme que prend cette nouvelle existence ; les vivants aperçoivent le défunt ; de même qu’ils le sentent incarner un ancêtre veillant sur sa descendance, de génération en génération.

Cette croyance collective des populations des pays africains se trouve mise en valeur par Birago Diop, dans son poème Souffles. L’éloquence des vers de cette inspiration intemporelle et son écho retentissant dans les eaux, les arbres, les forêts, les ruisseaux, les monts et les montagnes, deviennent la douceur d’un parfum apaisant les cœurs confrontés aux tourments de la vie. Elle les réconforte en des termes d’un réalisme rassurant : « Les morts ne sont pas morts, ils sont dans le vent qui sou e, ils sont dans l’eau qui coule ... ; ils sont dans l’ombre qui s’éclaire et dans l’ombre qui s’épaissit... ». Dans les pays d’Afrique, les contes et les chansons aussi l’attestent : les morts deviennent les ancêtres qui assistent les vivants dans la résolution de leurs équations de vie.

Face à la ténacité d’une telle conviction sociale immuable, Le Centre, met à collaboration l’inspiration de Sika da Silveira et de Élise Tokoudagba. Deux artistes visuelles béninoises dont les pratiques artistiques permettent aux visiteurs d’effectuer un voyage imaginaire au cœur des couleurs et des formes, pour découvrir l’ancestralité, les rites funéraires, les cultes des morts et autres concepts identitaires du Bénin.

In fine, « Ombres des ancêtres » est une véritable plongée des vivants dans l’invisible à travers des sculptures, peintures et installations.